Un article publié hier sur Futura Sciences
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/eclairage-led-attention-au-yeux_25795/
Certaines lampes d’éclairage à diode, ou Led, induiraient un risque pour les yeux, notamment chez les enfants. C’est la conclusion d’une étude de l’Anses, qui met en cause la couleur trop bleue et la luminance trop élevée. Et parmi les différents types de Led, les plus courants seraient justement les moins sûrs…
Les diodes électroluminescentes (Led) sont de plus en plus présentes sur les rayons. Désignées comme idéales grâce à leur faible consommation, elles se multiplient dans les maisons ou sur les lieux de travail et fleurissent dans les phares des voitures. Pourtant, leur lumière diffère assez sensiblement des autres types d’éclairage et les normes habituelles leur conviennent mal. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses, née cette année de la fusion de l’Afssa et de l’Afsset) a conduit une étude pour évaluer les effets sanitaires de ces Led. Le groupe de travail réunissait des ophtalmologistes, des dermatologues, des spécialistes en éclairage et en physique des rayonnements optiques. Il a également accueilli des industriels de l’éclairage et des scientifiques.
Ses conclusions, qui viennent d’être publiées dans un rapport, jettent une ombre sur cet éclairage à la mode, qui ne serait pas sans risque. Deux effets principaux sont relevés par l’étude : celui de la longueur d’onde et celui de la luminance. Les éclairages à diodes émettent une proportion importante de lumière bleue, c’est-à-dire de courtes longueurs d’onde.
Trop bleue, la lumière affecte la rétine
On sait que cette couleur est un facteur de risques photochimiques au sein de la rétine, dans les photorécepteurs et dans l’épithélium pigmentaire. À l’échelle des années, une exposition trop rude à une telle lumière pourrait favoriser la dégénérescence de la macula, cette zone centrale de l’œil offrant la plus grande acuité. Connue sous le nom de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), cette maladie peut évoluer jusqu’à la perte de la vision centrale.
« Les effets aggravants de la lumière bleue sur la DMLA sont fortement soupçonnés et issus d’observations convergentes sur des modèles expérimentaux » souligne le rapport. Toutefois, ajoute-t-il, « ces effets n’ont jamais pu être démontrés par des études épidémiologiques chez l’homme, en raison d’une difficulté à évaluer l’exposition et les prédispositions individuelles ». On sait tout de même que l’exposition excessive à la lumière solaire est un facteur favorisant la DMLA.
Selon l’étude, l’effet dépendrait du type de Led. La plupart de ces éclairages sont réalisés à partir d’une diode émettant une lumière bleue pure (les diodes produisent des lumières sur une plage étroite de longueurs d’onde), à laquelle on adjoint un luminophore jaune pour obtenir un éclairage à peu près blanc. Il existe deux autres types (diode ultraviolette et luminophores ; trois diodes émettant dans trois couleurs), mais leur prix de revient serait trop élevé.
L’étude de l’Anses a classé des lampes du marché selon quatre niveaux de risques, de 0 (aucun risque) à 3 (risque élevé). Conclusion : « Il apparaît que certaines Led très couramment utilisées en éclairage, signalisation et balisage appartiennent au groupe de risque 2 [risque modéré], alors que toutes les autres sources d’éclairage disponibles pour le grand public ne dépassent pas les groupes de risque 0 ou 1 ».
Avec ces éclairages, des expositions longues et répétées pourraient donc favoriser d’une apparition d’une DMLA mais aucune preuve n’est donnée. Le rapport souligne que les normes en vigueur ne permettent pas de caractériser correctement ce risque photochimique.
Luminance : jusqu’à mille fois plus que le seuil d’éblouissement
En revanche, la conclusion de l’étude signale des populations sensibles : les enfants, car leur cristallin très transparent atténue peu la lumière bleue ; les individus portant des cristallins artificiels (transparents comme un cristallin de bébé) ; les personnes dépourvues de cristallin (aphakes). Il faut ajouter également les personnes davantage exposées par leur profession, les éclairagistes par exemple.
L’autre effet mis en évidence par l’étude de l’Anses est celui de l’éblouissement, dû à l’énorme luminance des Led. Cette luminance, mesurée en candelas par mètre carré (cd/m2), indique la quantité de lumière émise et rapportée à la taille (la surface) de la source. Les Led sont très lumineuses et très petites, donc leur luminance est élevée. On considère qu’une source lumineuse est confortable jusqu’à 2.000 cd/m2 et qu’elle devient éblouissante au-dessus de 10.000 cd/m2. Or, certaines Led testées lors de l’étude atteignaient 10.000.000 cd/m2, soit mille fois plus…
Le rapport fournit un certain nombre de recommandations, à commencer par une restriction des ventes de Led pour le grand public « pour n’autoriser que des Led ne présentant pas plus de risques liés à la lumière bleue que les éclairages traditionnels ». Le rapport recommande aussi de définir des groupes à risques. Par ailleurs, l’étude souligne qu’il n’est pas possible, au moment de l’achat, de savoir si la Led fait partie du groupe de risque 0 ou 1 ou bien du groupe 2…